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En 2025, renforçons nos liens faibles


Andrea Rosado/Nikon Comedy Wildlife, ours bruns, Alaska, mai 2024

Abonné aux réseaux sociaux, vous êtes toute l'année le destinataire flatté ou consterné d'une montagne de vœux numériques. Vous pensez néanmoins échapper à l'anonymat déprimant de la cordialité algorithmique car vous fréquentez des groupes. Groupe philo, groupe ciné, groupe resto italien, groupe montagne, groupe lecture...on a tous des groupes de quelque chose, sous l'égide souvent d'un quidam qui fait dénominateur commun. On peut ainsi se prévaloir d'avoir de vraies relations avec de vraies gens en chair et en os.


Seulement voilà, les rencontres se succèdent et vous ne les connaissez pas. Leur prénom tout au plus. Qui sont-ils, où habitent-ils, que font-ils dans la vie...vous ne savez rien d'eux. Vous n'avez qu'un contact occasionnel, tous les mois ou tous les ans. Il arrive que vous les croisiez dans la rue, dans un magasin ; vous vous saluez et vous passez très vite votre chemin car l'un comme l'autre vous n'avez rien à vous dire. Ce sont des liens faibles.


L'expression est d'un sociologue, Mark Granovetter, qui écrit il y a 50 ans. À l'époque, la socialité numérique n'existait pas. Il voulait démontrer que les liens indirects et occasionnels entre personnes qui se connaissent mal jouent un rôle déterminant dans notre ouverture au monde. Les liens faibles sont faits de simples connaissances mais ils sont dits forts dans la mesure où ils sont diversifiés et nous connectent à des personnes évoluant dans un environnement différent du nôtre. Admettons. Mais sont-ils si nourrissants ?


Aujourd'hui la possibilité de les collectionner est infinie. Les gens se repaissent de ces liens distendus qui demandent peu d'investissement personnel pour rester actif. Oui, le lien faible est aussi le symptôme d'une paresse relationnelle. Le contraire de la relation de face à face, forme ordinaire et plus engagée de la sociabilité. Plus on s'abonne aux liens faibles, moins on cultive la relation de face à face. Alors ouvrons l'année sur une résolution : faire de nos liens faibles une opportunité pour nouer des liens forts.


Christiane Rumillat, 5 janvier 2025





1 Comment


Caroline Masoch
Caroline Masoch
il y a 6 jours

Voilà un terme que je ne connaissais pas

Ma question est : où finit le lien faible et où commence le lien fort ? Par exemple, dans un groupe donné, quelques personnes tisseront des liens forts et resteront plus extérieures à d'autres. Mais, il se peut aussi que l'effet groupe soit à l'origine d'une solidarité entre personnes qui n'auraient rien eu à se dire en -dehors de l'intérêt commun à l'origine du groupe. Enfin, il arrive que des liens forts se muent en liens faibles, c'est assez cruel. En tout cas, c'est un sujet passionnant.


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